Monday, January 5, 2015

A new primary resource on Maria and Paul's visit to France during their Grand tour

« Nottes sur le voyage de M. le comte et de Mme la comtesse du Nord en France au mois de may 1782 »


http://crcv.revues.org/12398#article-12398

Paris, Archives nationales de France, K 161 nº 221, fol. 1r-13v
Anonyme


During the visit to France in 1782, the “count” and the “сountess of the North” (grand duke Paul of Russia and his wife Maria Feodorovna) have been sumptuously received and entertained by the royal family, as well as by the princes of the blood and the great dignitaries of the court. The “Nottes sur le voyage de M. le comte et de Mme la comtesse du Nord en France au mois de may 1782” (Paris, Archives nationales de France, K 161 nº 221, fol. 1r-13v) report the main events (ceremonies, celebrations and performances) that took place at Versailles during their visit. This text contains the detailed descriptions of the grand ball on June 8 and the stroll from Versailles to Marly in the company of the king and the queen of France on June 15, 1782. However, the attention of the author of the “Nottes…” is focused primarily on the contacts that the Russian travelers establish with the duke of Penthièvre and the members of his family. Eager to convey every detail of courtly protocol applied to this case, he provides us with a perfect illustration of the system of exchange of notes and private visits of civility, such as the entertainements organized for the travelers in Sceaux or the visit that the duke of Penthièvre paid to the princely couple in the parisian hotel of the Russian ambassador, the count of Bariatinski. The documentary value of the manuscript is accentuated also by the presence of the precious testimony about the dinner in the princess of Lamballe’s apartements after the grand ball, as well as by the fact that this text is the only one known which allows us to follow step by step the process of the arrangement of the meeting between the “illustrious travelers” and the princess of Conti shortly before the departure of the princely couple from Paris.
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Plan

Notes de la rédaction

La présente édition des « Nottes sur le voyage de M. le comte et de Mme la comtesse du Nord en France au mois de may 1782 » (Paris, Archives nationales de France, K 161 nº 221) a été réalisée par Ekaterina Bulgakova, doctorante à l’université d’État de Moscou Lomonossov, Russie. Cette édition de source accompagne la contribution d’Ekaterina Bulgakova, « “Voyager en sage, avant de régner en héros” : l’accueil du comte et de la comtesse du Nord à la cour de France en 1782 » (p. 239-258), publiée dans l’ouvrage Voyageurs étrangers à la cour de France, 1589-1789 : regards croisés, sous la direction de Caroline zum Kolk, Jean Boutier, Bernd Klesmann et François Moureau, coédition Presses universitaires de Rennes / Centre de recherche du château de Versailles, collection « Histoire », série « Aulica. L’univers de la cour », septembre 2014, ISBN 978-2-7535-3483-4.

Texte intégral

Présentation de la source

1Provenant de toute évidence des archives de la maison du duc de Penthièvre, les « Nottes sur le voyage de M. le comte et de Mme la comtesse du Nord en France au mois de may 1782 » (Paris, Archives nationales de France, K 161 nº 221) ont pour objectif d’enregistrer le déroulement des visites que le duc de Penthièvre et les membres de sa famille échangent avec les « illustres voyageurs » russes, Paul de Russie et son épouse Marie Feodorovna, au cours de leur séjour parisien en mai-juin 1782. Ce rapport s’inscrit dans la lignée des écrits similaires, relatifs notamment à la visite du « comte de Haga » (Gustave III de Suède) ou du « comte » et de la « comtesse de Nellembourg » (Ferdinand d’Autriche et Marie-Béatrice d’Este) dans les années 1780, également conservés dans le carton 161 de la série K des Archives nationales.
2Il faut souligner que pour tous les cas mentionnés, l’écart entre l’identité réelle et l’identité fictive des personnages voyageant sous l’incognito pose le problème de la prééminence du statut dans leurs rapports avec les princes du sang, question qui est traitée avec une attention particulière par l’auteur des « Nottes... ». Cette source propose un large éventail de solutions et de stratégies pour éviter d’éventuels malentendus et créer un espace adapté à l’essor des sociabilités princières sans trahir le « masque transparent » de l’incognito.
3Le texte transcrit est doté d’un corpus important de notes marginales qui non seulement apportent des détails supplémentaires, mais peuvent aussi mettre à jour le contenu du texte principal conformément aux informations nouvellement obtenues par l’auteur. En outre, la relation est complétée par des documents annexes, comme la liste des personnes russes établie par le comte de Bariatinski à la demande du duc de Penthièvre ou les billets échangés par le couple grand-ducal avec les princes et princesses du sang. Ces éléments font des « Nottes... » un des rapports les mieux documentés sur la visite du « comte » et de la « comtesse du Nord » à la cour de France.
4Les notes marginales sont transcrites ici en italique, précédées d’un astérisque comme dans la source, et suivies de la mention du numéro de folio concerné entre crochets. Les documents annexes n’ont pas été transcrits.

Texte

  • 1 Wurtemberg.
  • 2 Souligné par l’auteur du texte.
  • 3 Louis V Joseph de Bourbon-Condé, prince de Condé (1736-1818), grand maître de lamaison de France (...)
5[fol. 2r] Monsieur le duc et Madame la grande-duchesse de Russie, héritiers présomptifs de ce throne – le mari de la maison d’Holstein régnante alors en Russie, et la femme de la maison de Virtemberg1 – sont arrivés à Paris le 18 may 1782, voyageant incognito2* sous le nom de comte et comtesse du Nord [ ;] ils ont été [le] 20 [mai] à Versailles où l’appartement de Monsieur le prince de Condé3** avoit été preparé pour les recevoir.
6*Monsieur le comte du Nord avoit quitté tous ses ordres, à l’instar de l’empereur qui en uze de même dans ses voyages. Les gardes du corps ne prenoient point les armes pour lui, et on ne lui ouvroit point les deux battants chez le roy. Il y a eu plusieurs fêtes et promenades à Versailles, Marly et Trianon, auxquelles les princes et princesse n’ont point été invités ; ils n’ont été avertis que pour le bal.[marge fol. 2r]
**L’appartement de Monsieur le maréchal de Duras a été prêté à Monsieur le prince de Condé pour le temps que le sien seroit occupé par Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord. [marge fol. 2r]
  • 4 Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe(1749-1792).
  • 5 Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre (1725-1793), amiral de France (1734-1790), et grand (...)
7Monsieur le comte du Nord a été chez le roi en arrivant accompagné des officiers chargés de la conduite des princes étrangers et ambassadeurs. On ne sçait point s’il s’est trouvé des officiers des cérémonies à sa visite chez le roi. Une chaise à porteurs de la reine a été prendre Madame la comtesse du Nord à son appartement, accompagnée de la livrée de la reine qui l’a conduite chez Sa Majesté ; cette princesse a été accompagnée par Madame de Vergennes, femme du ministre des Affaires étrangères. Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord ont vu de suite toute la famille royale, [fol. 2v] ont dîné* avec elle. Il il ne s’est trouvé ni princes ni princesses du sang chez le roi et chez la reine ; ils ne se sont point trouvés non plus à un concert qu’il y a eu le soir chez la reine. Le tout parce qu’ils ne devoient pas être nommés à Monsieur le comte et à Madame la comtesse du Nord et qu’on a cru qu’il étoit difficile qu’ils fussent dans la chambre sans être connus d’eux. Madame la princesse de Lamballe4 avoit demandé dispense de se trouver au concert à cause de son rang, mais la reine a voulu qu’elle y fut relativement à sa place de surintendante de la Maison de Sa Majesté ; au reste la reine a eu la bonté de concerter les choses de manière que tout s’est passé sans que le rang fut compromis. Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord ont envoyé dans l’après-midi à l’appartement de Madame la princesse de Lamballe les cartes qu’on trouvera attachées à ces notes, et Madame la princesse de Lamballe en a renvoyé chez eux des pareilles, moyennant cette précaution. [fol. 3r] La connaissance s’est trouvée faite quand Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord sont venus chez la reine, et Sa Majesté a simplement montré à Madame la comtesse du Nord que Madame la princesse de Lamballe étoit auprès de la dernière de Mesdames. Alors, Madame la comtesse du Nord a été à Madame Victoire la prier de la présenter à Madame la princesse de Lamballe, cette dernière s’est avancée pour répondre comme elle le devait à cette politesse, et elles se sont dit réciproquement qu’elles avoient été l’une chez l’autre. Monsieur la comte du Nord et Madame la princesse de Lamballe ne se sont point parlé. Ce même jour, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord sont retournés à Paris, et le lendemain, 21 [mai], ils ont envoyé des cartes à la porte des princes et princesses, c’est-à-dire Monsieur le comte du Nord à la porte des princes et princesses, et Madame la comtesse du Nord à la porte des princesses seulement. Les princes** et princesses ont envoyé des cartes pareilles chez Monsieur le comte et Madame [fol. 3v] la comtesse du Nord, on[t] dit indéfiniment Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord, parce que les princes ont envoyé des cartes chez la femme comme chez le mari, quoiqu’elle ne fut pas venue chez eux par égard pour son sexe. Madame la princesse de Lamballe a renvoyé des cartes, quoiqu’elle eut été écrite à Versailles parce que Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord en avoient envoyé chez elle à Paris. La carte qui a été envoyée à la porte de Monsieur le duc de Penthièvre5 par Monsieur le comte du Nord se trouve attachée à ces nottes.
8*Dans le lieu qui précède la Chambre de la reine où Leurs Majestés ont coutume de manger le dimanche. [marge fol. 2v]
9**Monsieur le prince de Condé et Monsieur le duc de Bourbon ont été en personne chez Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord à Versailles.[marge fol. 3r]
10Le 23 [mai]* il y a eu opéra à la cour auquel les princes et princesses n’ont point accompagné Leurs Majestés parce qu’elles ont été dans une loge. La famille royale et les princesses** ont aussi été dans des loges. Ce spectacle étoit dans la grande salle.
  • 6 Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon, duchesse de Chartres puis duchesse d’Orléans (1753-1821), princes (...)
11*Il y avoit eu soupé dans les cabinets le 22 [mai] où Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord se sont trouvés, on ne scait s’il y a eu des princes et princesses du sang, tous n’y ont pas été. [marge fol. 3v]
**Madame la duchesse de Chartres6 étoit dans la première loge à gauche de celle du milieu de la salle occupée par la famille royale (le roi et la reine étoient au-dessus de cette loge du milieu de la salle dans une loge grillée) et Madame la princesse de Lamballe dans une loge après et à côté de celle de Madame la duchesse de Chartres ; elles n’étoient qu’elles deux de princesses au spectacle. Les uns disent que Monsieur le duc d’Angoulesme étoit dans la loge à droite de celle de la famille royale, d’autres prétendent qu’il étoit dans la loge du bout de la salle, toujours à droite, auprès de celle des gentilshommes de la Chambre. Monsieur le prince de Condé et Monsieur le duc de Bourbon ont été dans cette dernière loge, c’est-à-dire celles des gentilshommes de la Chambre. On croit qu’il n’y avoit qu’eux deux de princes au spectacle. [marge fol. 3v-4r]
  • 7 Ivan Sergueevitch, prince de Bariatinski (?-?), ministre plénipotentiaire russe en France (1773-178 (...)
12Le 24 toujours du même mois de may, Monsieur le comte du Nord est venu en personne* chez Monsieur le duc de Penthièvre à dix heures du matin accompagné de Monsieur le prince Bariatinsky7, ministre de Russie, et ils ont laissé à la porte de l’hôtel de Toulouse [fol. 4r] les cartes qu’on trouvera attachées à cette notte. On trouvera aussi attaché à ces nottes le papier qui a été envoyé à Monsieur le duc de Penthièvre, alors à Sceaux, par le suisse de l’hôtel de Toulouse, ce même jour [le] 24 [mai]. L’invitation au bal que le roi devoit donner pour Monsieur le comte du Nord a été apportée encore à l’hôtel de Toulouse à Paris ; elle est attachée à ces nottes. Le lendemain, 28 [mai], Monsieur le duс de Penthièvre a retourné en personne chez Monsieur le comte du Nord, et a demandé aussi Madame la comtesse du Nord. Il a laissé à leur porte le billet dont la minutte est attachée à ces nottes, en priant de le remettre à Monsieur le prince de Bariatinsky.
13*Madame la comtesse du Nord est revenue en personne chez quelques princesses mais pas chez toutes, deux se sont trouvées dans le cas de n’avoir pas reçu de visite de sa part en personne. On croit que Monsieur le comte du Nord est revenu en personne chez tous les princes. Depuis cette notte écrite, Madame la comtesse du Nord a été en personne chez toutes les princesses.[marge fol. 4r-4v]
14Le 29 may, il y a eu un second opéra auquel le roi, la reine et la famille royale ont assisté de la même manière qu’à celui du 23 [mai]. L’arrangement des loges des princesses a été mauvais encore. Madame la duchesse de Chartres, Madame la duchesse de Bourbon occupaient les trois premières auprès de celles où étoit la famille royale à la gauche et Mademoiselle de Condé la première à la droite. Monsieur le duc d’Orléans a été dans la loge de Madame la duchesse de Chartres.
15[fol. 4v] Le 1er juin au soir, Monsieur le duc de Penthièvre a été instruit que Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord devoient venir dîner à Sceaux le surlendemain 3 [juin], en conséquence il a envoyé sur le champ des billets d’invitation aux Russes dont la liste est ci-jointe. On trouvera dans cette liste la formule des billets qui ont été envoyés, on trouvera encore ci-joint la liste des Russes qui avoient été invités par le duc d’Orléans* contenant la formule du billet qu’il a envoyé et la liste générale des personnes de la nation russe se trouvant à Paris que Monsieur le duc de Penthièvre avoit fait demander à Monsieur le prince de Bariatinsky, ministre de Russie, par l’entremise de Madame la duchesse de Chartres. Monsieur le duc d’Orléans avoit usé de même par l’entremise d’une autre personne. Monsieur de Bariatinsky a été invité verbalement par un valet de chambre. Ce ministre s’est chargé de distribuer tous les billets des Russes.
  • 8 Louis-Philippe-Joseph d’Orléans, duc de Chartres (1747-1793), gouverneur du Dauphiné(1785-1791).
16*C’est au Raincy que Monsieur le duc d’Orléans a donné à dîner à Monsieur le comte et à Madame la comtesse du Nord, ses gentilshommes n’ont point mangé à la table où étoit cette princesse, mais ils ont mangé à une autre table tenue par Monsieur le duc de Chartres8 dans une pièce différente. Le Raincy étoit un lieu dans lequel Monsieur le duc d’Orléans avoit réglé que les gentilshommes mangeoient avec les princesses. Saint Cloud étoit la seule maison où il avoit maintenu l’ancien usage de ne point admettre les gentilshommes à la table des princesses. [marge fol. 4v]
  • 9 Prince de Noailles (1752-1819), intendant etgouverneur de Versailles (1778-1789), capitainedes ga (...)
17Monsieur le duc de Penthièvre a invité* en outre Monsieur le maréchal et Madame la [fol. 5r] maréchale de Noailles9, Monsieur le maréchal et Madame la maréchale de Mouchy, Madame la duchese de La Vallière seconde douairière, Madame la comtesse de Marek, Monsieur le duc d’Estissac, Monsieur et Madame d’Aubeterre, et Monsieur le duc de Crussol. Il y avoit en outre plusieurs personnes, hommes et femmes, qui sont venues à Sceaux ou qui s’y sont trouvées, accidentellement sans doute : les premiers officiers et les dames de la maison de Monsieur le duc de Penthièvre et Monsieur le vicomte de Lastic, son ancien premier gentilhomme de la chambre.
18*Monsieur le duc et Madame la duchesse de Chartres sont venus à Sceaux pour ce dîner. Madame la duchesse de Chartres n’avoit point de dame à elle, par raison d’absence ou de maladie, elle a mené avec elle Mademoiselle la baronne de Talleyrand. [marge fol. 4v-5r]
  • 10 Marie Fortunée dEste(1731-1803), épouse de Louis-François-Joseph de Bourbon-Conti, comte de La (...)
19Madame la princesse de Conti10 et Madame la princesse de Lamballe ne se sont point trouvées à ce dîner, parce que Madame la comtesse du Nord n’étoit pas venue chez elles en personne. Le 3 [juin], lorsque Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord sont arrivés à Sceaux, Monsieur le duc de Penthièvre a reçu Madame la comtesse du Nord à la descente de sa voiture*, par égard pour son sexe. Monsieur le duc d’Orléans l’avoit rencontrée à la porte de la dernière antichambre, lorsqu’elle a été au Raincy, c’est-à-dire en l’antichambre la plus près de la cour. Elle a dit des choses très honnêtes à Monsieur le duc de [fol. 5v] Penthièvre, en le traitant d’« Altesse », et Monsieur le comte du Nord qui a été nommé à Monsieur le duc de Penthièvre par Monsieur de Bariatinski en a usé de même, en ajoutant le mot de « Monseigneur » pour mieux marquer son incognito. Monsieur le duc de Penthièvre lui a nommé ses trois premiers officiers et ensuite il a conduit Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord dans l’appartement du rez-de-chaussée, en leur donnant le pas qu’ils ne vouloient point prendre, surtout Monsieur le comte du Nord. Arrivés dans le salon, Monsieur le duc de Penthièvre a nommé à Madame la comtesse du Nord les dames** qui n’étoient point connues d’elle, et ses premiers officiers, ainsi que tous les hommes qui étoient dans la chambre. Il a aussi nommé tous les hommes à Monsieur le comte du Nord et lui a indiqué qu’elles [sic] étoient les dames qu’il voyoit***. Lorsque le moment de se mettre à table est venu, Madame la comtesse du Nord a passé avec Madame la duchesse de Chartres se tenant par la main, mais cependant Madame la duchesse de Chartres laissant le pas à Madame la comtesse du Nord. Toutes les dames ont passé ensuite, puis Monsieur le comte du Nord avec Monsieur le [fol. 6r] duc de Chartres, à peu près comme Madame la comtesse du Nord et Madame la duchesse de Chartres, ensuite Monsieur le duc de Penthièvre, et puis tous les hommes. On s’est placé à table, hommes et femmes sans rang. Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord étoient à peu près au milieu de la table, Monsieur le duc de Penthièvre entre eux deux. Madame la duchesse de Chartres étoit à côté de Madame la comtesse du Nord, à sa droite, puis une dame et ensuite Monsieur le duc de Chartres. Les princes et princesses ont été servis par des pages et les autres personnes par la livrée. Il va sans dire que Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord ont été compris parmi les princes et princesses, et par conséquent servis par des pages****.
  • 11 Types de robes féminines de la seconde moitié du xviiie siècle.
20*Il étoit environ deux heures après midy. Monsieur le duc de Chartres, Monsieur le duc de Penthièvre et les hommes qui étoient à Sceaux n’avoient point d’épées. Monsieur le comte du Nord et les personnes étrangères avoient la leur. Monsieur le comte du Nord quitta la sienne, et on l’a porta dans l’appartement qui lui étoit préparé. Monsieur de Bariatinsky quitta aussi la sienne. Madame la comtesse du Nord et les dames étoient en lévite ou en polonnoise11, il y avoit un appartement préparé pour Madame la comtesse du Nord. Les ecclésiastiques étoient en habit de campagne. [marge fol. 5r-5v]
**Titrées et non titrées. [marge fol. 5v]
***Il n’a point été question de fauteuils ; tout le monde – princes, princesses et autres – s’est assis sur des chaises. [marge fol. 5v]
****Les gentilshommes de Monsieur le duc de Penthièvre n’ont point mangé avec Madame la comtesse du Nord, Sceaux étoit excepté du nouvel usage établi à l’égard de ces messieurs, à l’instar de Saint-Cloud. [marge fol. 6r]
21[fol. 6r] Après le dîner, on a été à la promenade dans les calèches et différentes voitures. Monsieur le duc de Penthièvre a mené* Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord dans une petite calèche à un cheval. Madame la comtesse du Nord et Madame la duchesse de Chartres étoient dans le banc du fond. Monsieur le comte du Nord et Monsieur le duc de Penthièvre étoient sur le banc en avant. Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord ont monté[fol. 6v] en calèche avant Madame la duchesse de Chartres et Monsieur le duc de Penthièvre. Il s’est trouvé une collation sans table ni apparat au pavillon de la Ménagerie, et après cette collation, Madame la comtesse du Nord a voulu absolument que Madame la duchesse de Chartres passât avant elle pour remonter en calèche, et Monsieur le comte du Nord a terminé les compliments à cet égard en donnant la main à Madame la duchesse de Chartres et passant avec elle. Madame la comtesse du Nord a passé ensuite, donnant la main à Monsieur le duc de Penthièvre. Monsieur le comte du Nord voulut que Monsieur le duc de Penthièvre montât en calèche avant lui, mais ce dernier fit le tour de la calèche et monta par le côté opposé à celui par lequel Monsieur le comte du Nord y montoit. On revint au château, et après avoir resté un moment dans le sallon, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord s’en retournèrent à Paris, il étoit environ 7 heures du soir. Monsieur le comte du Nord voulut s’échapper sans être vu, mais Monsieur le duc de Penthièvre, s’en étant apperçu, alla le reconduire. Madame la comtesse du Nord vint ensuite. L’un et l’autre [fol. 7r] ne voulurent pas absolument que Monsieur le duc de Penthièvre passât la porte de la dernière antichambre, où il avoit joint Monsieur le comte du Nord lorsqu’il avoit voulu s’échapper. Monsieur le duc de Penthièvre, ayant sçu que Monsieur le duc d’Orleans avoit retenu Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord à souper le jour qu’ils avoient été au Raincy, fit proposer la même chose à Madame la comtesse du Nord par Madame la duchesse de Chartres, mais les arrangements de Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord ne leur ayant pas permis d’accepter l’offre de Monsieur le duc de Penthièvre, la discrétion l’empêcha d’insister.
22*Le reste de la compagnie a été dans différentes calèches ou voitures. Monsieur le duc de Chartres menoit celle avec qui alloit immédiatement après celle de Madame la comtesse du Nord, il avait avec lui la principale dame de cette princesse et Monsieur de Bariatinsky. Monsieur de Guébriant, premier gentilhomme de la chambre de Monsieur le duc de Penthièvre, menoit une petite calèche dans laquelle se trouvaient les filles d’honneur de Madame la comtesse du Nord, Monsieur le duc de Crussol menoit une petite voiture dans laquelle se trouvoit Madame la duchesse de La Vallière et d’autres dames.[marge fol. 6r]
23Le lendemain 4 [juin], Monsieur le duc de Penthièvre a retourné chez Monsieur le comte et chez Madame la comtesse du Nord, ses arrangements ayant demandé qu’il ne différât pas cette visite. Il les a trouvé chez eux à l’hôtel de Monsieur le prince de Bariatinsky où ils se logeoient. Il étoit accompagné de Monsieur le chevalier Du Authier, son capitaine des gardes. Monsieur le prince de Bariatinsky et un autre monsieur l’ont reçu à peu près à sa voiture, et l’a[fol. 7v] conduit à l’appartement de Madame la comtesse du Nord où il a trouvé les battants ouverts. Madame la comtesse du Nord étoit en pied, et après quelques mots de politesse, elle a proposé à Monsieur le duc de Penthièvre de s’asseoir et a pris une chaise pareille à celle qu’elle lui a proposée. Elle a prié Monsieur le chevalier Du Authier et Monsieur le prince de Bariatinsky de s’asseoir aussi, mais ils sont restés debout. La principale dame de Madame la comtesse du Nord étoit assise vis-à-vis d’elle sur une chaise pareille à celle de la princesse. Monsieur le comte du Nord est arrivé par l’intérieur de l’appartement pendant la visite de Monsieur le duc de Penthièvre, et après des compliments, il s’est assis sur un canapé qui se trouvoit à portée des chaises occupées par Madame la comtesse du Nord et Monsieur le duc de Penthièvre, et hors de rang. Lors que la visite, qui a duré 4 ou 5 minuttes, a été finie, Monsieur le comte du Nord s’est avancé pour reconduire Monsieur le duc de Penthièvre. Ce dernier lui a dit qu’il désiroit avoir l’honneur de lui rendre ses devoirs dans son appartement. Monsieur le comte du Nord, après avoir répondu des [fol. 8r]honnêtetés générales, a encore insisté pour reconduire Monsieur le duc de Penthièvre, mais ce dernier, lui ayant demandé de ne point prendre garde à lui, Monsieur le comte du Nord est resté à la porte de la pièce où s’étoit passée la visite. Les mêmes personnes qui avoient reçu Monsieur le duc de Penthièvre et qui avoient pris les devants pendant les compliments avec Monsieur le comte du Nord se sont trouvées à peu près à la même place où ils étoient venus le recevoir, et se sont retirés un moment avant que la voiture de Monsieur le duc de Penthièvre partît, d’après ses instances.
24Le 5 de juin, Monsieur le comte et chez Madame la comtesse du Nord ont été en personne à l’appartement de Madame la princesse de Lamballe à Versailles. Elle a retournée chez eux le lendemain 6 [juin], et les a prié à souper pour le samedy 8 [juin], jour du bal donné par le roi à Monsieur le comte et à Madame la comtesse du Nord.
  • 12 La comtesse de Provence.
  • 13 Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d’Artois(1756-1805).
  • 14 Charles X (1757-1836), comte d’Artois (1757-1824), roi de France (1824-1830).
25Le 8 [juin] jour du bal, les princes* se sont rendus chez le roi vers cinq heures trois quarts du soir, et les princesses chez la reine, et ont accompagné Leurs Majestés à la salle du bal. Les enfants de France se sont aussi rendus [fol. 8v]chez le roi, chacun de leur côté. La Salle du Bal étoit arrangée comme pour celui des gardes du corps donné en janvier 1782, à l’occasion de la naissance de Monsieur le Dauphin, dont le plan est dans le carton du cérémonial, excepté qu’on n’y avoit point mis de buffets, et qu’il y avoit un fort grand nombre de lumières. La famille royale et les princesses étoient placées dans le fond du quarré de la danse, en face de la porte d’entrée, sur des pliants, ainsi que toutes les danseuses, d’abord par rang – Madame la comtesse du Nord étant placée entre Madame12 et Madame la comtesse d’Artois13 –, et ensuite sans rang. Pendant le cours du bal, les princesses avoient leurs dames derrière elles, pas exactement dans le rang où elles auroient dû être placées, mais toujours de manière à marquer qu’elles devoient être derrière elles. Le roi et les princes alloient et venoient dans le bal, ainsi que Monsieur le comte du Nord. Le roi s’est assis quelques fois auprès de Madame la comtesse du Nord. Monsieur le Prince de Condé et Monsieur le duc de Penthièvre se sont assis un moment sur les pliants destinés aux danseuses, derrière une quantité d’hommes qui [fol. 9r]se trouvoient dans le milieu du quarré de la danse, et pendant que la reine dansoit une contredanse, Monsieur le comte du Nord s’est assis, ayant Monsieur le prince de Bariatinsky à côté de lui, sur un gradin au haut de la salle, à gauche en entrant, derrière deux rangées de dames, et à peu près derrière Madame la comtesse du Nord, un peu sur le côté. Les ambassadeurs étoient placés à droite, eu égard à la porte d’entrée de la salle, derrière les dames qui étoient à droite en entrant dans le quarré de la danse. Madame fille du roi étoit dans une loge donnant sur l’avant-scène, lorsque la salle est arrangée pour un spectacle, à droite en entrant dans la salle, et Monsieur le duc d’Angoulême et Mademoiselle – dans la loge vis-à-vis celle de Madame. Le bal a été ouvert par une contredanse, dans laquelle la reine dansoit avec Monsieur le comte d’Artois14. Les autres danseurs et danseuses étoient des personnes de la cour, titrés ou non titrés. Les pages du roi ont fait les honneurs du bal pour offrir les rafraîchissements aux dames, ce qu’on a dit être conforme à l’usage. Le bal a fini vers 9 heures. [fol. 9v] Les princes ont reconduit le roi chez lui, et ensuite s’en sont retournés chez eux.
26*Les princes ont été invités au bal par un gentilhomme ordinaire, suivant l’usage accoutumé. On trouvera ci-joint le billet d’invitation. [marge fol. 8r]
  • 15 Élisabeth-Philippine-Marie de France, dite Madame Élisabeth (1764-1794), princesse du sang.
  • 16 Charles Gravier, comte de Vergennes(1719-1787), ministre plénipotentiaire puis ambassadeur à Const(...)
27Ce même jour, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord ont été souper chez Madame la princesse de Lamballe à Versailles. Ils sont arrivés à 10 heures moins un quart. Monsieur de Ravenel et Monsieur le chevalier d’Yauville* ont été à la porte de la première antichambre recevoir Monsieur le comte du Nord, qui étoit arrivé le premier. Peu de temps après Madame la comtesse du Nord est arrivée. Mesdames de Guébriant et de Pardaillan** ont été pareillement à la porte de la première antichambre la recevoir ; à 10 heures Madame la comtesse du Nord est passée à table, conduite par Madame la princesse de Lamballe qui la tenoit par la main. Madame la comtesse du Nord occupoit la place du haut de la table, à la droite de Madame la princesse de Lamballe, du côté de la cheminée de la salle à manger, et Monsieur le comte du Nord à la gauche de Madame la princesse de Lamballe, qui se trouvoit par ce moyen entre eux deux. Les princes et les princesses ont été servis par des pages. La table étoit de 21 couverts, il n’y avoit à cette table en hommes que Monsieur le comte du Nord et son ambassadeur, il y a eu [fol. 10r] 3 grandes tables et plusieurs petites. Après le souper, il y a eu bal, auquel sont venus la reine, Monsieur, Madame, Monsieur le comte d’Artois et Madame Élisabeth15. Le bal n’a fini qu’à 3 heures passées. Monsieur le comte du Nord est parti du bal avant une heure. Madame la comtesse du Nord s’est en allée à deux heures, Madame la princesse de Lamballe a voulu la reconduire, elle l’a empêché d’aller au-delà de la porte de son salon. La reine est restée jusqu’à la fin du bal. Madame la princesse de Lamballe a retourné chez Monsieur le comte et chez Madame la comtesse du Nord, à l’instar de Madame la duchesse de Bourbon, qui en avoit usé ainsi, après leur avoir donné à souper. Ce même jour, Monsieur le prince de Conty observa à Monsieur de Vergennes16 que Madame la comtesse du Nord avoit fait une seconde visite à toutes les princesses, hors à Madame la princesse de Conty, et le lendemain cette dernière princesse reçut un billet de Madame la comtesse du Nord, tourné de la manière la plus polie, qui lui témoignoit ses regrets de n’avoir pas encore pu la voir, et lui demandoit son jour[fol. 10v] et son heure pour lui rendre visite. La qualification d’« Altesse Sérénissime » se trouvoit dans ce billet, commencé sans « Madame » en vedette et fini par « De votre Altesse Sérénissime la bien dévouée servante ». Ces derniers mots étoient détachés du corps de la lettre d’une manière très marquée. Le billet étoit signé « La comtesse du Nord ». Madame princesse de Conty alloit tout de suite, quoi qu’elle fut à Sceaux, à la porte de Madame la comtesse du Nord, qu’elle ne trouva point. Elle y laissa un billet écrit de sa main, portant qu’elle étoit venue pour avoir l’honneur de voir Madame*** la comtesse du Nord et la remercier de toutes ses bontés. Monsieur [le duc] de Penthièvre fut avec elle parce qu’elle désira être accompagnée de quelqu’un connu de Monsieur le comte et de Madame la comtesse du Nord. Malgré cette visite, Madame la princesse de Conty envoya le lendemain matin son écuyer à Monsieur le prince de Bariatinsky pour savoir le jour et l’heure à laquelle elle pourroit voir Madame la comtesse du Nord ; il dit qu’il répondroit par écrit à cette princesse****.
  • 17 Vanves.
28*Avec les pages. [marge fol. 9v]
**La manière dont Madame la princesse de Lamballe a reçu Madame la comtesse du Nord a été réglée d’après ce que Madame la duchesse de Bourbon avoit pratiqué[marge fol. 9v]
***« Madame » étoit écrit en toutes lettres. [marge fol. 10v]
****Le 10 [juin] Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord ont été à Chantilly. Monsieur le prince de Condé a laissé ses gentilshommes se mettre à table avec ses prince et princesse, s’ils ont trouvé place, attendu que Chantilly étoit un lieu où ils mangeoient avec les princesses du sang. Monsieur le prince de Condé avoit [raturé] excepté sa maison de Vanvres17, à l’instar de Saint-Cloud, et, on croit, celle de Saint-Maur. Monsieur le prince de Condé n’a point présenté ses gentilshommes à Monsieur le comte et à Madame la comtesse du Nord[marge fol. 10v]
  • 18 Monceau.
29Le 13 [juin], Monsieur de Bariatinsky a répondu à Madame [fol. 11r] la princesse de Conty qu’il sçavoit que Madame la comtesse du Nord avoit beaucoup d’arrangements pris jusqu’au moment de son départ, mais qu’il sçavoit aussi que cette princesse avoit destiné la soirée du dimanche 16 [juin] à faire des visites, et que si Madame la princesse de Conty étoit chez elle ce jour-là, elle iroit la voir. Madame la princesse de Conty a repliqué à Monsieur de Bariatinsky qu’elle se rendoit avec empressement à Paris (Madame la princesse de Conty étoit à Sceaux) pour recevoir la visite de Madame la comtesse du Nord, mais qu’elle prioit de l’avertir, de lui à elle, du moment où cette princesse demandoit ses voitures, pour qu’elle pût lui rendre ses devoirs dans sa maison, ainsi qu’elle le devoit et le désiroit. Le billet de Madame la princesse de Conty finissoit en disant qu’elle étoit charmée d’avoir cette occasion d’assurer Monsieur de Bariatinsky de la véritable et parfaite considération qu’elle avoit pour lui ; Monsieur de Bariatinsky n’étoit que ministre plénipotentiaire. Ce même jour, [le] 13 [juin], Monsieur le duc et Madame la duchesse de Chartres ont donné à souper à Monsieur le comte et à Madame la comtesse du Nord, à une maison de Monsieur le duc de Chartres située à Monsseaux18, dans les fauxbourgs de[fol. 11v] Paris. Ils ont prié toutes les personnes de la nation russe dans le cas d’aller chez eux, d’après l’état qu’ils en ont demandé à Monsieur le prince de Bariatinsky, faute d’avoir les listes des personnes qui avoient été invitées par Monsieur le duc d’Orléans et Monsieur le duc du Penthièvre au Raincy et à Sceaux.
  • 19 Benkendorf.
30Le 14 [juin], Madame la princesse de Conty a reçu une réponse de Monsieur de Bariatinsky par le canal de son écuyer qu’elle avoit envoyé pour que le ministre de Russie n’eût pas la peine de lui écrire de nouveau, portant que Madame la comtesse du Nord avoit tous ses moments destinés et continuant à dire qu’elle iroit chez Madame la princesse de Conty le dimanche suivant, mais il s’y trouvoit néantmoins une phrase qui donnoit jour à voir que Madame la comtesse du Nord seroit chez elle ce même jour [le] 14 [juin], à l’issue de son dîner. D’après cette phrase, Madame la princesse de Conty s’est rendue chez Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord, et leur a rendu sa visite comme elle le désiroit. Monsieur de Bariatinsky est venu la recevoir au bas de l’escalier, et Monsieur de Soltikoff à la porte de la première antichambre. Les battants étoient[fol. 12r] ouverts. Madame de Berkendorf19, principale dame de Madame la comtesse du Nord, est venue à la porte du sallon où étoit cette princesse, et Madame la comtesse du Nord elle-même a fait plusieurs pas en avant*. Elle a conduit Madame la princesse de Conty, en lui donnant la main et passant la première – comme pour montrer où il falloit aller –, dans un cabinet qui étoit après le sallon où elle s’est assise avec elle sur un canapé, en la faisant placer au-dessus d’elle. Madame la comtesse du Nord a fait un compliment à Monsieur de Penthièvre qui étoit avec Madame la princesse de Conty, pour lui proposer de s’asseoir, et a fait une honnêteté à la dame d’honneur de Madame la princesse de Conty et à Madame de Berkendorf pour qu’elles s’assisent. Monsieur le duc de Penthièvre et ces dames ont pris des fauteuils, cabriolets qui étoient les seuls sièges qui fussent dans la chambre. Les battants se sont fermés pendant la visite et ont restés fermés lors qu’on est sorti. Madame la comtesse du Nord a reconduit Madame la princesse de Conty jusqu’à plus de moitié du sallon qui étoit avant le cabinet où la visite s’est passée, et Madame de Berkendorf[fol. 12v] jusqu’à la porte de ce sallon. Madame la princesse de Conty, n’ayant pas vu Monsieur le comte du Nord, a attendu Monsieur de Bariatinsky (lequel avoit disparu pendant la visite chez Madame la comtesse du Nord) dans l’antichambre de cette princesse. Monsieur le comte du Nord y est venu avec Monsieur de Bariatinsky. La visite s’y est passée de la manière la plus polie de la part de Monsieur le comte du Nord, et il a voulu reconduire absolument Madame la princesse de Conty jusqu’à sa voiture, et l’a vu partir. Monsieur le duc de Penthièvre s’est servi de cette occasion pour faire sa visite d’adieu** à Monsieur le comte et à Madame la comtesse du Nord. Il est resté debout dans la voiture de Madame la princesse de Conty, en sortant de la cour de Monsieur le comte du Nord, jusqu’à ce qu’il ait été hors de la vue de ce prince.
31*Madame la princesse de Conty a présenté sa dame d’honneur à Madame la comtesse du Nord, et Madame la comtesse du Nord a présenté la sienne à cette princesse[marge fol. 12r]
**D’après la lettre de Madame la princesse de Conty ci-incluse[marge fol. 12v]
  • 20 Marly.
  • 21 Philippe-Louis-Marc-Antoine de Noailles, prince de Poix (1752-1819), intendant etgouverneur de Ver (...)
32Le 15 du même mois, le roi et la reine ont été prendre Monsieur le comte et Madame comtesse du Nord dans leur appartement pour les mener à Marli20. Leurs Majestés sortoient de la messe, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord occupoient le logement de Monsieur le [fol. 13r] prince de Condé qui est à costé de la chappelle. Les voitures attendoient devant la colonade de la chappelle, elles étoient à quatre places. Dans une, il y avoit la reine et Madame la comtesse du Nord dans le fond, et le roi et Monsieur le comte du Nord sur le devant. Madame la comtesse du Nord avoit voulu se placer sur le devant, à côté de Monsieur le comte du Nord ; et dans l’autre [voiture] une dame du palais de la reine, une dame de Madame la comtesse du Nord, le ministre de Russie et Monsieur de Poix21. Ce dernier joignoit à la qualité de gouverneur de Marli, celle de capitaine des gardes de quartier. La voiture de Leurs Majestés étoit accompagnée des gardes du corps. Le roi, la reine, Monsieur [le comte] et Madame la comtesse du Nord sont revenus dîner à Versailles chez la reine, avec toute la famille [royale], excepté Mesdames et les enfants de France.
33Le mercredy 19, toujours du même mois de juin, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord sont repartis de Paris. Ils ont été à Brest et ont repassé ensuite en Allemagne par la Normandie et la Flandre. Monsieur le comte du Nord n’a point fait de visites d’adieux aux princes. Il a dit beaucoup de choses à Madame la duchesse de Chartres [fol. 13v] pour Monsieur le duc de Penthièvre et lui a même demandé s’il n’étoit point à Paris. Monsieur le duc de Penthièvre se trouvoit dans ce moment dans l’Isle-Adam. Madame la comtesse du Nord, qui n’avoit pas encore trouvé Madame la princesse de Lamballe chez elle, excepté quand elle y étoit venue souper, vint la voir l’avant-veille de son départ au soir.
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Notes

1 Wurtemberg.
2 Souligné par l’auteur du texte.
3 Louis V Joseph de Bourbon-Condé, prince de Condé (1736-1818), grand maître de la maison de France (1740-1792), gouverneur de Bourgogne et de Bresse (1754-1791), colonel-général de l’infanterie (1780-1788).
4 Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe (1749-1792).
5 Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre (1725-1793), amiral de France (1734-1790), et grand veneur de France (1738-1792).
6 Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon, duchesse de Chartres puis duchesse d’Orléans (1753-1821), princesse du sang.
7 Ivan Sergueevitch, prince de Bariatinski (?-?), ministre plénipotentiaire russe en France (1773-1784).
8 Louis-Philippe-Joseph d’Orléans, duc de Chartres (1747-1793), gouverneur du Dauphiné (1785-1791).
9 Prince de Noailles (1752-1819), intendant et gouverneur de Versailles (1778-1789), capitaine des gardes du corps du roi (1784-1791).
10 Marie Fortunée dEste (1731-1803), épouse de Louis-François-Joseph de Bourbon-Conti, comte de La Marche puis prince de Conti (1734-1814).
11 Types de robes féminines de la seconde moitié du xviiie siècle.
12 La comtesse de Provence.
13 Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d’Artois (1756-1805).
14 Charles X (1757-1836), comte d’Artois (1757-1824), roi de France (1824-1830).
15 Élisabeth-Philippine-Marie de France, dite Madame Élisabeth (1764-1794), princesse du sang.
16 Charles Gravier, comte de Vergennes (1719-1787), ministre plénipotentiaire puis ambassadeur à Constantinople (1754-1768), ambassadeur à Stockholm (1771-1774), secrétaire d’État des Affaires étrangères (1774-1787), chef du Conseil des finances (1783-1787).
17 Vanves.
18 Monceau.
19 Benkendorf.
20 Marly.
21 Philippe-Louis-Marc-Antoine de Noailles, prince de Poix (1752-1819), intendant et gouverneur de Versailles (1778-1789), capitaine des gardes du corps du roi (1784-1791).
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Pour citer cet article

Référence électronique

Anonyme, « « Nottes sur le voyage de M. le comte et de Mme la comtesse du Nord en France au mois de may 1782 » », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles [En ligne],  | 2014, mis en ligne le 09 avril 2014, consulté le 06 janvier 2015. URL : http://crcv.revues.org/12398 ; DOI : 10.4000/crcv.12398
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Auteur

Anonyme

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Interesting article on cameo depicting Catherine the Great made by Maria Fedorovna

Камея работы великой княгини Марии Федоровны

http://www.russiskusstvo.ru/authors/Dolgix/a1851/

Великая княгиня Мария Федоровна. Камея с портретом императрицы Екатерины II. Стекло. 1789. Частная коллекция

Стеклянная камея с портретом императрицы Екатерины II, созданная великой княгиней Марией Федоровной, супругой будущего императора Павла I, относится к тому типу памятников, которые открывают исследователю неведомый мир далекой эпохи во всем многообразии событий, человеческих взаимоотношений, творческих интересов.

Профильный рельефный портрет императрицы Екатерины II в образе богини Минервы выполнен Марией Федоровной из молочного стекла на основе стекла цвета сердолика (1). О собственноручном произведении сиятельной особы свидетельствует подпись на срезе: «Maria F. 21 apr. 1789». Этой сигнатурой великая княгиня помечала все свои работы. Вероятно, камея предназначалась ко дню рождения Екатерины II, которой в апреле 1789 года исполнилось 60 лет.
Портретное сходство с оригиналом безусловное. Тем не менее, в манере резьбы ощущается некоторая скованность руки, державшей резец, присущая и другим камейным произведениям Марии Федоровны. Вместе с тем восхищает профессионально тонкая проработка деталей и мастерская завершенность рельефа. Камея неплохо сохранилась, но время оставило на ней свой неизбежный след: появились мелкие сколы по краям сердоликовой основы и на белом профильном портрете; оправу переделали, заменив узорчатую бронзу на узкое гладкое золотое обрамление. С тыльной стороны приделали заколку с замком, превратив камею в брошь, которая на протяжении столетия находилась в одной семье и передавалась по наследству.
Этот камейный портрет из стекла соприкасается с целым рядом художественных явлений в русском искусстве второй половины XVIII века, как то: «камейное» и медальерное дело, графика, иллюстрация, резьба по кости. Памятник иллюстрирует и тему иконографии образа Минервы в контексте идеологии царствования Екатерины II, и историко-мемориальную тему, позволяющую увидеть сложные взаимоотношения членов большого императорского семейства. Необходимо обратиться к истокам появления камейных портретов в глиптике и стекле эпохи царствования Екатерины II. Древнее искусство резьбы по камню, получившее блестящее развитие в эпоху античности, затем – Ренессанса, всегда было предметом коллекционирования. В России интерес к «резному искусству» или «камейному художеству» проявился во второй половине XVIII века., когда императрица Екатерина II обратила внимание на «антики» и занялась их собирательством. Через своих европейских корреспондентов, прежде всего особо доверенного – барона А. Гримма, она заказывала приобретение известных коллекций и уже к 1780 году стала обладательницей одной из самых крупных дактилиотек.
Возможно, резьбой по камню императрицу увлек один из самых обожаемых ею фаворитов – Александр Ланской. После его ранней и неожиданной смерти (1784). страдающая Екатерина на короткое время охладела к геммам, но после 1785 году увлечение вспыхнуло с новой силой, постоянно подпитываясь страстным поклонением этому искусству нового любимца – Александра Матвеевича Дмитриева-Мамонова. Именно «красный кафтан», как называла его венценосная покровительница, способствовал приобретению в 1787 году знаменитой коллекции «антиков» Герцога Орлеанского. В благодарственном письме к зарубежному другу, барону А. Гримму, императрица выражала свои чувства, рожденные созерцанием резных камней: «Одному Богу известно, сколько радости дается ежедневным общением со всем этим. Это неисчерпаемый источник познаний» (2). А своему секретарю, небезызвестному А.В. Храповицкому, как-то сказала, что интерес к антикам – «это дело императорское» (3). Огромное собрание гемм императрицы могли видеть только избранные, оно хранилось в особом кабинете Зимнего дворца в специально заказанных шкафах работы Д. Рентгена.
Увлечение глиптикой вело дальше. Дмитриев-Мамонов сам пытается резать твердые камни и даже ставит на одной из собственных печатей свое имя. Екатерина II к творчеству не была склонна, но заинтересовалась изготовлением слепков с камей. Чаще всего после обеда, слушая чтение почты, Екатерина делала слепки из папье-маше. Интальи, полученные из мягкой мокрой бумаги, превращались в «полые камеи», которые тонировались, оправлялись в благородный металл и становились подарками из рук самой царицы. Например, медальон, имитирующий камею, был подарен графине Браницкой, о чем свидетельствует надпись на обороте. В том же 1795 году будущая теща великого князя Константина, принцесса Августа-Каролина Саксен-Кобургская, получила из рук Екатерины II «медальон с слепком бумажным антика, бриллиантами осыпанный» (4) в оправе от ювелира Я. Дюваля.
Обладание ценнейшими резными камеями привело к мысли о создании копий этих миниатюрных шедевров. Так, в специальной комнате Эрмитажа приглашенные Екатериной II художники приступают к изготовлению паст или, как их тогда называли – пат, из специальной стеклянной массы. Воспроизведение гемм в стеклянной материи имело чисто практический интерес как фиксация подлинных «антиков», что позволяло ознакомиться с любой зарубежной дактилиотекой. Впервые этот способ описал химик Гомберг, который занимался копированием «антиков» еще у герцога-регента Филиппа Орлеанского (1715–1723) во дворце Пале-Рояль. Его метод получил название «гомберговский»: для отливки стеклянных паст делали слепки из гипса с добавками «кастильского мыла». Способ копирования резных камней был усовершенствован шотландцем из Глазго, Джеймсом Тасси (1735–1799), который изобрел оригинальную рецептуру стеклянной массы (пасты), тонированной «под камень». Для слепков с камей применялся одноцветный стеклянный материал: либо сургучно-красный, благодаря примеси серы, либо опаково-белый, похожий на фарфор или эмаль. Это стекло использовалось также для создания рельефных портретов-медальонов. Тиражированные стеклянные камеи шотландца стали называть просто «тасси», а состав их долго оставался засекреченным. В 1775 году Тасси издал каталог слепков – «отпечатков античных и современных гемм, с которых сделаны и продаются пасты» (5).
Узнав о подобном предприятии, Екатерина II решает приобрести «всеевропейскую коллекцию антиков» в слепках и в 1781 году щедро оплачивает заказ Д. Тасси. В ожидании его выполнения русская императрица привлекает к копированию собственной коллекции известного резчика-медальера К. Леберехта и химика-художника Г. Кенига (6).
К слепкам с антиков проявила живой интерес и невестка императрицы Екатерины II, великая княгиня Мария Федоровна, вторая жена будущего императора Павла I. Эта красивая, воспитанная в скромности и «домашнем приятствии» большой семьи немецкая принцесса София-Доротея Вюртембергская (1759–1828) была добродетельна и прекрасно образована, в том числе и в естественных науках. Природа щедро наделила ее не только красотой, но и талантами: она играла на клавикордах и хорошо пела, прекрасно рисовала и лепила. Обладая «возвышенной чувствительностью», всей душой привязанная к семье, она наслаждалась обществом близких, отдавалась каждодневным заботам и воспитанию младших детей. Особенно тепло и счастливо Мария Федоровна чувствовала себя в Павловске, к созданию которого она приложила много сил. В этом «земном рае» великая княгиня занималась художествами: точила фигурки из слоновой кости и янтаря, вышивала гладью, занималась живописью и лепкой, гравировала и резала камеи. Даже будучи беременной, не переодевалась между обедом и балом, а занималась каким-либо рукодельем, нередко резала медали. Своими поделками «самая трудолюбивая знатная дама России» одаривала близких. Под руководством К. фон Леберехта великая княгиня обучалась рисунку и технике металлических отливок (7), а Г. Кениг познакомил ее с изготовлением стеклянных паст и работе с воском (8). Ее интерес к геммам несомненно был связан с коллекционированием антиков императрицей, и Мария Федоровна пробовала себя в камейной резьбе и по камню, и по дублированному (двойному) стеклу.
Профильные портреты мужа и детей (9) были выполнены ею из молочного стекла, увлечение которым в 1780-х годах связано с любовью к белоснежному фарфору. Стеклянные камеи напоминали также веджвудские и севрские рельефы, столь популярные в Европе и России. Стекло, чрезвычайно разнообразный по своим возможностям материал, использовалось как в технике отливки, так и в технике резьбы. Хрупкое и одновременно прочное, оно в холодном состоянии поддавалось резцу так же, как природный камень. Вероятно, именно опыты Г. Кенига со смальтой заинтересовали великую княгиню, и она увлеклась отливками портретов с последующей резьбой в дублированном стекле, в основе своей – цветном (синем или «под сердолик»), сверху – молочном.
Ко дню шестидесятилетия царственной свекрови Мария Федоровна выполняет камею из яшмы с профильным портретом императрицы в образе богини Минервы (10). Этот миниатюрный рельеф был достаточно известен в свое время. Именно эту камею изобразил в качестве виньетки на фронтисписе альбома собственных гравюр известный английский график Джеймс Уокер (род. в 1758 году), проработавший в России, начиная с 1784 года, в общей сложности около двадцати лет (11). Позже яшмовую камею копировали на Петергофской и уральской гранильных фабриках, а сама Мария Федоровна повторила ее в 1801 году мраморе на ониксе (оправа бронзовая).
Стеклянная камея – предмет нашего исследования – немногим отличается от яшмовой. Их размеры близки, а гладко отполированная стеклянная основа по цвету напоминает темный красно-коричневый камень. Вероятно, великая княгиня использовала составы, приготовленные Кенигом, а среди них всегда были «сердоликовые» или сургучные (12). Здесь можно сделать одно отступление исторического характера. Как известно, императрица не любила свои дни рождения, особенно это усилилось с возрастом. 21 апреля 1789 года, в день своего шестидесятилетия, согласно дневнику А.В. Храповицкого, она была нездорова, поэтому «не показывались… со вчерашнего вечера плакали и весь день провели в постели» (13). Великая княгиня, несмотря на сложность отношений с царственной свекровью, всячески оказывала ей внимание, надеясь на ответную милость к своей семье и поддержку в своих нелегких отношениях с Павлом. Ее супруг, напротив, всегда раздражался этими знаками препятствия.
На яшмовой и стеклянной камеях 1789 года императрица изображена профилем вправо, на голове – шлем Минервы с венком из лавра над козырьком. Шлем венчает фигурка крылатого сфинкса, из-под него на плечи спускаются божественные локоны. Подобная иконография восходит к поздней античности, чаще всего встречается в вазописи и римских скульптурных копиях. Существует камея времен императора Августа работы скульптора Аспасия, на которой Минерва представлена в шлеме с крылатым сфинксом. Подобный иконографический тип Афины-Минервы менее распространен, чем Афины Совоокой, где богиня изображена в шлеме со священной совой, атрибутом мудрости. Афина-Минерва, покровительница ремесла, литературы, музыки, поэзии, скульптуры, живописи – олицетворяла мировой разум и входила в капитолийскую триаду (Юпитер – Юнона – Минерва) (14).
В России уже в петровское время этот мифологический образ «символизирует… крепость государства и воинскую добродетель…». Палладу представляют начальницей «всех художеств, во образе девы вооружения», а также «начальницей всякого учения» (15). Развитие этой аллегории приводит к осмыслению образа античной богини как покровительницы Петра I и его деяний, более того – собственно России, государства, созданного царем-преобразователем. Здесь «можно говорить о иконографической близости образов собственно России и Афины-Минервы» (16), далее он нередко персонифицируется с правительницами Росси XVIII века.
Появление Екатерины II в образе Минервы является идеологически обоснованным актом, подчеркивающим преемственность и законность ее власти. Этот мифологический символ возвышает императрицу как мудрую правительницу, как великую государыню, продолжающую деяния Петра I, направленные на укрепление державы. Впервые отождествление Екатерины II с Минервой, богиней именно римского пантеона (этим подчеркивалась имперская форма власти) произошло на коронационных торжествах в Москве, которые завершились шествием-маскарадом «Торжество Минервы». Именно в виде Минервы изображали впоследствии Екатерину II на многочисленных живописных полотнах, в скульптуре, графике, фарфоре. Как правило, государыня предстояла в шлеме с оперением, и этот иконографический тип, сформировавшийся в духе барочной традиции, сохранялся до 1770-х годов.
В подобном обличии императрица изображена на медали И. Г. Вехтера «На вступление Екатерины II на престол», отлитой в 1767 году. Якоб Штелин в своих записках намекает, что композиция оборотной стороны медали может принадлежать самой государыне: «Кто сочинил это изображение, я не знаю, говорят, оно было сделано при Дворе» (17). Он подчеркивает, что «вместо подобающего изображения Ее императорского величества… пожелали погрудный портрет императрицы в виде Минервы» (18). Автор высоко оценивает портретное изображение Екатерины II: «Медальер создал портрет с изрядным сходством, смело и в превосходной позе, так, что его можно считать мастерским среди всех прочих созданных им медалей» (19). Эта медаль, отчеканенная в небольшом количестве из золота и серебра, служила подарком в знак монаршей милости. Но она не являлась прообразом камей, выполненных Марией Федоровной. Работы Великой княгини, созданные во вкусе «благородной простоты и спокойного величия», отражают иные стилевые тенденции. Строгая сдержанность профильного портрета императрицы и возвышенная антикизация ее образа свидетельствуют о торжестве идеалов классицизма.
Поиски источника нового иконографического типа Екатерины-Минервы среди известных памятных медалей, отлитых до 1789 года, успехом не увенчались. Тем не менее, оказалось, что «грудное изображение Екатерины вправо, в шлеме с крылатым сфинксом наверху…» (20) было создано «по образцу» на память о ее кончине в 1796 году. Но автор образца и время его появления не названы. В самом конце XVIII столетия эту медаль повторил «с образца» В. Безродный, а при Александре I – Ф. Лялин («с более раннего образца»). Возможно, именно этим «образцом» и оказалась камея Марии Федоровны, вырезанная ею на яшме в 1789 году.
На вопрос, когда и как возникла новая иконографическая трактовка образа Екатерины-Минервы, может быть несколько ответов-предположений. Во-первых, наставником Марии Федоровны в отливке медалей был К. фон Леберехт, в творчестве которого классицизированные тенденции получают последовательное развитие. Он вполне мог быть автором подобной интерпретации античного образа Минервы, а Мария Федоровна воплотила ее в камейном портрете Екатерины II. В свою очередь Карл Леберехт мог почерпнуть идеи в одной из картин, приобретенных для императорской коллекции в 1768 году. Среди полотен западно-европейских мастеров находилась работа Ж М. Вьена, выполненная в технике энкаустики, на которой погрудно изображена Минерва в шлеме со сфинксом (21). Но ее типаж не мог служить прообразом камеи. Существует еще ряд предположений касательно нового иконографического источника изображения Минервы-Екатерины. Они связаны с впечатлениями, полученными Марией Федоровной во время путешествия по Европе.
Осенью 1781 года молодая царственная чета выехала из Петербурга под именем графов Северных (22). Новый, 1782 год, встретила в Вене, затем посетила Венецию, Рим и Флоренцию. В Риме великий князь и княгиня заказали у известного живописца Боттони свои портреты, которые им очень понравились. Довольная сходством, Мария Федоровна заказала и копии этих портретов ученику Боттони, немецкому портретисту Иоганну Пульману. Мария Федоровна изображена в интерьере, за ее спиной на столе находится бюст Минервы в шлеме, увенчанный сфинксом (римская копия?). Вполне возможно, что подобный образ античной богини вдохновил художественную натуру великой княгини и в будущем сыграл свою роль в иконографической трактовке ею камейных портретов Екатерины II.
В мае путешественники оказались во Франции. Во время этой «блистательной прогулки по Европе» (23) наследнику русского престола повсюду оказывали достойный прием и уважение. Особенно торжественно графов Северных встретили в Париже, где их называли Дюнорами. Французская знать отметила, что русская принцесса образована и неглупа, хороша собой, но несколько «высока ростом и корпулентна» (пышна телом). А Павел у всех вызывал восхищение тонкостью суждений и «весьма проницательным умом» (24).
Париж увлек молодых великих князей чредой приемов, балов, деловых встреч, осмотров королевских дворцов, художественных мастерских, мебельных, гобеленовых и фарфоровых мануфактур. Они приобретали предметы роскоши и получали ценные подарки, в том числе серебро и великолепный севрский фарфор (25). Среди подарков или покупок могла оказаться золотая табакерка с профилем императрицы Екатерины в образе Минервы, в шлеме со сфинксом. Вероятно, она поступила от Шарля Раймонда Граншеза. Он был талантливым мастером-ювелиром и владельцем модного магазина в Париже. В мастерской Граншеза изготавливались именные табакерки из различных материалов, преимущественно с портретами европейских царственных особ. Крышка табакерки представляет собой стеклянную плакетку с профильным портретом Екатерины II в виде Минервы в интересующей нас иконографии. Возможно, эта вещица предназначалась в подарок русской императрице.
Не исключено, что именно она послужила источником изображения Екатерины II на камеях, созданных рукой великой княгини Марии Федоровны. Первой, безусловно, была вырезана яшмовая, затем с нее повторена стеклянная. Державный профиль отлит из стекла цвета молока и соединен с «сердоликовой» основой, предварительно гладко отполированной, а затем доработан резцом. Гипсовые слепки с яшмовой камеи позволяли делать неоднократные отливки из стекла (26). Одна из стеклянных копий хранится в собрании музея Хиллвуд (США). Ее ошибочно датировали 1781 годом, но в это время Мария Федоровна еще не занималась «камейным художеством», к тому же французская табакерка – предполагаемый образец, была приобретена в Париже лишь в 1782 году. Вероятно, американских хранителей камеи смутило написание цифры «9», очень похожей на «1», но подобное начертание девятки можно увидеть на яшмовой и стеклянных камеях Марии Федоровны.
Камейные портреты, созданные великой княгиней, чаще всего оправлялись в золоченую бронзу и служили подарками близким. Окружающие ценили их и как затеи монаршей особы, и как произведения искусства – миниатюры. Признанием достоинства работ Марии Федоровны является воспроизведение ее камеи с благородным профилем царствующей императрицы в книге гравюр английского художника Д. Уокера, а также отливка памятной медали на смерть Екатерины Великой (1796) «с образца», т. е. с камейного портрета. Восхитительная стеклянная миниатюра сохранила свое художественно-мемориальное значение до наших дней и возвысила талантливую личность Марии Федоровны в глазах потомков.
Примечания
1. Подобный метод работы со стеклом, находящемся в холодном состоянии, восходит к античности, когда многослойное (дублированное) стекло резали наподобие полудрагоценного камня в технике камео.
2. Максимова М.И. Императрица Екатерина II и собрание резных камей Эрмитажа // Гос. Эрмитаж. Вып. I. Л., 1921. С. 59.
3. Храповицкий А.В. Памятные записки А.В. Храповицкого. М., 1990. С. 209.
4. Кузнецова Л.К. Работы Екатерины II и великой княгини Марии Федоровны из папье-маше // Эрмитажные чтения памяти В. Ф. Левинсона-Лессинга (1893-1972). Краткое содержание докладов. СПб., 2002. С. 79–80. Медальон гр. Браницкой находится в собрании ГИМа.
5. Каган Ю.А. «Камейное художество» на императорских камнерезных фабриках. СПб., 2003. С. 120.
6. Карл фон Леберехт родился в Саксен-Мейнингене в 1755 году, с 1779 года состоял на службе в Монетном дворе в Петербурге. В 1783 году был отправлен для совершенствования мастерства в Европу, а по возвращении становится главным медальером и резчиком на «крепких камнях», занимая исключительное положение среди других медальеров».
Георг Кениг прибыл в Северную столицу из Германии в середине 1770 года и был принят в иностранный цех как художник стеклянных составов, пастов, вырезывания камей. Некоторое время он изготавливает и украшает цветное стекло на заводе Потемкина. Наряду с этим он создает портретные барельефы из крепкого камня и смальты.
Его таланты стали известны Екатерине II и «для делания паст» «способностей отменных художника Кенига» приглашают во дворец. Там, «в особой комнате второго ряда, имеющей окошки на двор, упражняются придворный медальер Леберехт и химик Кениг даланием из составов копий с геммов, находящихся в кабинете, часто в присутствии и по предписанию Е. И. В.» Здесь же «химик и художник Кениг» готовит «самые составы и флюсы», белые и цветные пасты. «В прикосновении к сей комнате имеет Кениг горн для делания составов и Леберехт все снаряды для сечения (т. е. для резьбы)» (Тройницкий С.Н. Георг Генрих Кениг // Сборник Государственного Эрмитажа. Вып. I. Л., 1921. С. 28).
7. Известны две медали работы Марии Федоровны, отлитые из золота: «На коронацию имп. Павла» (1797), «В честь имп. Александра I» (19 марта 1814).
Прозоровский Д.И. Граф Толстой как медальер. СПб., 1873. С 13.
8. В фонде Государственного Эрмитажа хранится камея из красного воска с профилями 6 детей Марии Федоровны. Основой является бумага, оправой – овальная деревянная рама.
9. Камеи с изображением Александра I, Павла I, Екатерины II находятся в фондах Государственного Эрмитажа. Они оправлены в металл.
10. Находится в Государственном Эрмитаже. С подписью Марии Федоровны и датой 1789 год.
11. «Собрание гравюр самых последних картин в галерее Ее Императорского Величества Екатерины Второй», изд. в Лондоне в 1792 г. Виньетка опубликована в каталоге выставки «С берегов Темзы – на берега Невы. Шедевры из собрания Британского искусства в Эрмитаже». СПб., 1997. С. 94–95.
12. Известна близкая по размерам и окраске стекла («молоко» на «сердолике») камея (ГИМ) с портретом Марии Федоровны, подписанная Леберехтом (дата отсутствует).
13. Храповицкий А. В. Указ. изд. С. 186.
14. Уже в петровское время «античные идеи и образы, атрибутика греко-римской мифологии… окрашивали всю жизнь общества»… с подчеркнуто «латино-римским элементом» (Кнабе Г.С. Русская античност. Место, год. С. 100–101).
15. Матвеев В.Ю. К трактовке образа Афины-Минервы в искусстве Петровского времени // Русское искусство в Эрмитаже. СПб., 2003. С. 91, 92, 95.
16. Там же. С. 97.
17. Штелин Я. Записки Якоба Штелина об изящных искусствах в России. Сост., перевод с немецкого яз., вступительная статья К.В. Малиновского. Т. I. М., 1990. С 317.
18. Там же. С. 335.
19. Там же.
20. Прозоровский Д.И. Каталог русским и западноевропейским медалям и монетам, хранящимся в Минцкабинете имп. Академии Художеств. СПб., 1868. С. 14. № 60.
21. Штелин Я. Указ. соч. Т. II. М., 1990. С. 131–132.
22. Этот «прозрачный» псевдоним придумала Екатерина II, ей также принадлежит маршрут поездки.
23. Императрица Мария Федоровна. Павловск. СПб., 2000. С. 14.
24. Чижова И. Императрица Мария Федоровна. СПб., 2001. С. 32–39.
25. Знаменитый туалетный сервиз с кобальтовым крытьем и живописью эмалью, в который включены скульптурные украшения. (Масси С. Павловск. Жизнь русского двора. СПб., 1990. С. 57).
26. В собрании Государственного Эрмитажа находится аналогичная стеклянная камея, оправленная в бронзу.

Sunday, January 4, 2015

Snuffbox painted by Maria Fedorovna exhibited in Saint Petersburg


A beautiful snuffbox decorated by Marua Fedorovna is on display at the State Russian museum in Saont Petersburg until Fedruary.
http://www.kreml.ru/exhibitions/russian-exhibitions/velikiy-knyaz-pavel-petrovich/